Slameur au verbe parfaitement poli mais impoli, il dessine avec une virtuosité indéniable les petits riens du quotidien. Il vient piquer nos consciences endormies, assénant ses textes coups de poing qui nous forcent à sortir de notre léthargie et nous éveillent au monde alentour. Abrupte réalité de contextes sociaux que, par confort, nous choisissons parfois d'ignorer. En matière de virage artistique réjouissant, l'on pressentait celui-ci sans penser pour autant qu'il serait aussi rapide, ni aussi renversant. Exit la gouaille de ses chansons à la guitare, Govrache, qui depuis quelque temps ponctuait ses concerts de slam, s'y est mis tout à fait. Et impressionne beaucoup, tant il écrit bien. Là où les sujets dont il s'empare pourraient sembler éculés, voire démago (les travers de la société y sont évoqués dans presque toutes ses thématiques), le verbe, aussi poétique qu'inspiré, balaie d'un revers de main la moindre réticence, tandis que les trois musiciens qui l'accompagnent à la contrebasse, au clavier et aux machines, nous baladent de jazz en rythmes R'n'B ou hip-hop. Bravo.