Caractéristique matérielle : 1 C-D, Dimension : CD Audio, Nbr de pages : Musical,
Résumé :
A€¦ Et à la fin, il n’y aura peut-être plus que le seul Kurt Wagner, penché sur un piano-jouet au fond d’un bar oublié de Nashville, murmurant des stances d’apocalypse pour qui les veut. Ce sera le trente-troisième album de Lambchop, collectif mouvant dont on a compris depuis un moment qu’il dessinait ses pas de danse immobile sous un seul crâne, celui de son chanteur-auteur massif. On n’en est encore qu’au seizième. Le temps du corona a vu cet homme-orchestre isolé comme jamais. Les huit titres ici présents devaient être joués en public à Eaux Claires (Wisconsin), où se tient chaque été un festival de rock and folk indé. Ce ne fut pas le cas en 2020 et voici l’album pour consolation â€ö dans l’intervalle, était sorti un recueil de reprises, Trip. Sans la dynamique du groupe, Wagner est libre d’agencer des structures flottantes comme lotus sur l’eau, des tempos incertains, des bruitages insolites. De réaliser des montages sonores intégrant les éléments fournis par des partenaires distants, une contrebasse ici, une trompette là, un effet électronique, une voix de cantatrice. De servir le tout sous des titres abscons (Drop C, Fuku, Impossible Meatballs) ou potaches pour « boomers » (Papa Was a Rolling Stone Journalist). Tout cela sans jamais perdre la fibre émotionnelle, le vacillement de la voix, la vulnérabilité qui dirigent cette musique ciselée vers les sens avant que ses méandres lexicaux n’atteignent éventuellement le cortex. Parfois, ça sonne un peu comme une fanfare de funeral louisianais dont la moitié serait en grève. La beauté chez Lambchop reste toujours énigmatique et n’en fascine pas moins. Pour la note technique, la guitare de l’ami Kurt a été filtrée par un clavier Midi. On n’est plus très loin du piano-jouet... François Gorin (Télérama n°3723 05/2021)