Ce qui transpire de l’acharnement désespéré du communiqué de presse à rattacher BLK JKS à la sphère rock, c’est l’espoir d’une reconnaissance et d’une crédibilité dont cette formation sud-africaine n’a manifestement nul besoin. Si le quatuor (réactivé après une décennie de pause) emprunte certes à l’Occident ses instruments électriques amplifiés, son véhicule sonore demeure obstinément pétri des rythmes fondamentaux de ses origines, et ne nécessite en conséquence nul alibi pour les propager. Douze ans après l’unanimement célébré “After Robotsâ€, le collectif phare de Soweto revient donc avec un manifeste outrepassant de tous côtés les étiquettes qu’un marketing déboussolé tente de lui appliquer. Ni “funk post-apocalyptiqueâ€, ni “afro-punk†(mais où vont-ils donc chercher tout ça?), BLK JKS (prononcer “black jacksâ€) propose tout bonnement la fusion ethno-moderne la plus révolutionnaire depuis Can et le “Remain In Light†des Talking Heads. Mêlant éléments vernaculaires (chants et rythmes immémoriaux) et apports jazz et funk chavirants, son influence sur la nouvelle scène de son pays (et, partant, du continent) projette d’ores et déjà son ombre portée sur les années à venir. Ces types ne recherchent pas le crossover, bien trop occupés qu’ils demeurent à défricher des voies nouvelles. Comme disait l’autre (en l’occurrence, Timbuk 3): “le futur semble si brillant que je dois porter des lunettes de soleilâ€â€¦ Et si la prochaine révolution musicale (que l’on attend comme sœur Anne le fit de Godot, depuis les naufrages en eau de boudin du grunge et de l’électro) venait d’Afrique du Sud? Gardons en tout cas les oreilles résolument tendues vers ces éclaireurs: comme le suggère son artwork, cet album témoigne d’une irrépressible émergence.